Les ducs de Nivernais

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Les ducs de Nivernais possèdent encore à cette époque un domaine seigneurial considérable, qui s'étend sur une province entière avec 300 000 habitants, 400 paroisses, plus de 4 000 fiefs. De l'ancien pouvoir militaire, qui faisait la gloire des seigneurs féodaux, ils conservent un droit sur les fortifications de leur duché. Par exemple, sur les remparts et les fossés de la ville de Nevers. S'ils ne lèvent plus de troupes, ils convoquent l'arrière-ban et même les États Généraux. Ils ont leur juridictions analogues aux institutions royales. Le bailliage-pairie de Nevers est le rival du présidial de St-Pierre-le Moutier. Ils connait « tant des causes de la ville en première instance, de celles des gentilshommes et autres privilégiés de tout le duché, que des causes d'appel de toutes les châtellenies ». Le grand bailli d'épée est un personnage important, qui est presque l'égal des baillis et sénéchaux de la royauté. Les ducs de Nevers ont comme les rois une Chambre des Comptes et une Maîtrise des Eaux et Forêts. Ils perçoivent de multiples droits féodaux : banalités, droits de greffe et profits de justice, profits de fief et de roture, mainmortes, dimes, droits de pêche, droits de péages, droits de foires et marchés. A toutes ces prérogatives d'origine féodale s'ajoutent des droits d'origine royale. Les ducs sont d'ordinaire gouverneurs au nom du roi de la province de Nivernais. Ils ont aussi le privilège de nommer à tous les offices royaux du pays.
En 1659, à la suite de circonstances qui intéressent directement l'histoire générale, se produit un changement de dynastie. Le duc de Nevers, Charles III de Gonzague, prince plus italien que français et d'ailleurs criblé de dettes, se débarrasse de ses possessions françaises, qu'il vend à Mazarin. Colbert est l'âme de ces négociations. En 1659 et 1660, il fait à travers le Nivernais de véritables voyages d'études et adresse au cardinal des rapports documentés, qui sont à l'éloge du pays.

« Tant plus j'approfondis les affaires de ce duché, et tant plus j'y vois de grandes et belles choses à faire, non seulement pour l'augmentation du revenu, mais mesme pour tout ce qui peut composer la beauté et la grandeur d'une terre, qui sera assurément la plus belle et la plus considérable terre sujette qui soit en Europe » (Clément, 11 octobre 1660)

C'est lui qui prend officiellement possession de la province au nom de Mazarin. Il est reçu à Nevers avec enthousiasme, le dimanche 19 octobre 1659. Colbert est pendant quelque temps le véritable administrateur de la contrée. Il est vrai que Mazarin meurt bientôt en 1661. Toutefois ces deux années exerceront leur influence sur l'œuvre et les idées du futur contrôleur général des finances.

Diverses législations de Colbert, par exemple, celle des Eaux et Forêts, s'inspirent manifestement des coutumes du Nivernais. De même Bellinzani, le collaborateur de Colbert, avait d'abord été au service des Gonzagues, dans le duché de Nivernais. Les habitants de Nevers adressent volontiers des requêtes à Colbert et obtiennent son appui à propos de diverses questions : construction des ponts de Loire, péages par terre et par eau. Ils continuent à voir en lui l'ancien intendant de Mazarin plutôt que le ministre d'État.

De 1659 à 1661, Mazarin donne au titre ducal un prestige exceptionnel. On peut même dire que dans sa main le pouvoir royal et le pouvoir ducal se trouvent à peu près confondus.