Dufaud Jean Georges

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Jean Georges Dufaud
Son acte de baptême
  • Jean Georges Dufaud est baptisé paroisse Saint-Jean à Nevers, le 27 décembre 1777. Il est le fils de Jean Ange Laurent et de Marie Anne Cerf sa deuxième épouse.
    Jean-Ange Laurent naît à Lyon le 19 avril 1742, paroisse Saint-Nizier, dans une famille nombreuse. Il quitte le foyer paternel vers l’âge de 20 ans et vient s’installer dans le Nivernais. Rapidement, il entre au service de Babaud de la Chaussade, propriétaire de nombreuses forges dans le Nivernais dont les très importantes forges de Guérigny. Son contrat de mariage du 9 août 1768 le dit agent d’affaires de M. de la Chaussade ; son acte de mariage du 25 janvier 1774 le dit procureur des justices de Guérigny et l’acte de baptême de Jean Georges le dit arpenteur royal. Il demeure dans les dépendances du château de Guérigny.
  • Pierre Babaud de la Chaussade vend les forges de Guérigny en 1781 au Roi Louis XVI. Il afferme alors la forge de Beaumont la Ferrière à Jean-Ange Laurent dont il apprécie beaucoup les mérites. La mère de Jean Georges meurt le 4 Vendémiaire an 5 (25 septembre 1796), alors qu’elle n’a que 44 ans, à Beaumont la Ferrière certainement au château de Sauvages car Pierre Babaud de la Chaussade est l’un des propriétaires identifiés de ce château.
  • Le jeune Jean Georges naît donc et est élevé dans les forges ce qui le prédestine à devenir maître de forges. Tout jeune, il assiste aux efforts considérables qui sont faits pendant les guerres de la jeune République pour fournir aux armées de terre et de mer les armes et les engins de toute nature dont il se faisait une énorme consommation. À partir de ce moment, il n’aura de cesse de réfléchir sur les perfectionnements à apporter à cette industrie. En 1793 il assiste à la fabrication, toute nouvelle alors, par des laminoirs, de lames pour canons de fusil que son père installe dans les forges qu’il exploite. Il entre à l’École Polytechnique en 1794, élève de la première promotion. Il y fait la connaissance d’hommes célèbres, savants ou industriels, avec lesquels il conservera estime et amitié tout au long de sa carrière. Il sort de Polytechnique en 1796, retourne auprès de son père et s’associe à ses travaux métallurgiques. En 1799, Jean-Ange Dufaud est nommé directeur de la poste aux lettres à Nevers. Le jeune Jean Georges devient, à ce moment, maître de forges pour son propre compte et ne cessera jamais de s’occuper du perfectionnement de la sidérurgie. L’industrie des forges se traîne dans la routine et, ne pouvant s’en accommoder, il se fraye une nouvelle route dans laquelle il sera suivi avec élan et qui amènera une révolution dans la fabrication du fer en France. Il se livre à de nombreuses expériences, compliquées et coûteuses, rédige un mémoire publié en 1806, et démontre que l’avis de Monge, Berthollet et Vandermonde, célèbres savants, n’est pas exact. Ces derniers prétendent que la fonte est un métal imparfait combiné avec une grande partie d’oxygène, ce qui, pour son passage à l’état de fer malléable, rend nécessaire son contact avec le charbon à l’état rouge. Pour Jean Georges Dufaud, la fonte est du fer plus de charbon et des terres de gangue(1) imparfaitement vitrifiées et restant alors encore combinées avec le fer ; que le contact de la fonte avec le charbon à l’état rouge, n’est pas indispensable à son affinage, que le calorique suffisait pour débarrasser la fonte du charbon et des terres qui s’opposent au rapprochement des molécules de fer qui en forment la base. Il entre en discussion avec Monge et le convainc. Les procédés découverts par Jean Georges Dufaud, alors inconnus en France, sont pratiqués en Angleterre.
    Pour arriver à un résultat pratique, il doit continuer ses expériences au prix de grands sacrifices dans une période pénible à traverser pour l’industrie. Il s’y livre successivement à Beaumont la Ferrière, Uxeloup, Pont Saint Ours (proche de Nevers), lieux où il se livre à la fabrication des fers demandés par le commerce, la marine marchande et surtout l’artillerie. C’est en 1808 qu’il monte à Pont Saint Ours, un four à réverbère dans lequel il fait de nombreuses expériences devant une commission composée d’officiers d’artillerie et d’un ingénieur des mines. Le 20 juillet 1808 il demande un brevet d’invention pour l’affinage du fer à la houille. Ce brevet est confirmé par un décret impérial du 26 novembre 1808. En 1810, la Société d’Encouragement pour l’industrie nationale lui décerne une médaille d’or et un grand prix pour la purification du fer cassant à froid, par un procédé basé sur l’affinage du fer à la houille, dans un four à réverbère.
    En 1811, Jean Georges Dufaud est appelé à construire l’établissement de Montataire dans l’Oise. Sans connaître les pratiques anglaises, il y installe un petit laminoir d’essai pour l’étirage du fer, et un four pour affiner le fer à la houille, dont la flamme chauffait en même temps un four de cémentation pour l’acier. Ce procédé de fabrication prend un grand essor dans cet établissement mais est freiné par les événements de 1814. Cette année 1814 il entre en relations avec Pierre et Pierre Barthélemy Paillot (père et fils) et André Martin Labbé, importants marchands de fer à Paris qui souhaitent le mettre à la tête de l’exploitation des forges de Grossouvre dans le Cher qu’ils ont affermées. Il prend la direction de l’usine en 1815, le ramenant ainsi proche de sa terre natale et dans le département d’origine de sa mère.
    En 1817, il est chargé par Pierre et Pierre Barthélemy Paillot et André Martin Labbé de négocier avec l’Angleterre une vaste opération commerciale qu’il mène à bien et qui lui fait grand honneur. Il profite de ce séjour pour étudier le système anglais de fabrication du fer. Il retrouve dans la façon de faire anglaise toutes les idées qui l’ont occupé depuis 1806. Dès son retour en France, il organise à Trézy, dépendance de Grossouvre, la fabrication du fer à l’anglaise. Pour cela, il lui faut établir toutes les machines et former les ouvriers français. Jean Georges Dufaud y met toute son énergie et les produits fabriqués sont commercialisés à la fin de 1817. Il remporte une médaille d’or lors de l’Exposition de l’Industrie Nationale en 1819 et est décoré de la Légion d’Honneur le 17 novembre de cette même année.
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  • En octobre 1819 Pierre et Pierre Barthélemy Paillot et André Martin Labbé cèdent Grossouvre et la dépendance de Trézy à Jean Louis et Guillaume Boigues qui continueront l’exploitation de la forge. Cet ensemble reste malgré tout difficile d’accès et éloigné de la houille. Un endroit plus proche d’une voie navigable serait plus intéressant. Le choix se porte sur Fourchambault qui dépend alors de la commune de Marzy et dont la situation géographique correspond à leurs attentes. En 1820, ils y achètent une propriété tenant à la Loire. En mars 1821, Jean Georges Dufaud est chargé de construire sur cet emplacement la grande forge à l’anglaise qui deviendra le centre de leur industrie. Il est très vite rejoint par son fils Achille né le 9 octobre 1796 en qui, malgré son jeune âge, trouve en lui un collaborateur de confiance. C’est dans ces conditions que Jean Georges Dufaud, associé à Boigues Jean Louis qui, grâce à ses puissants moyens financiers a déjà doté la Nièvre des usines d'Imphy.
    La construction de l’usine de Fourchambault commence le 1er avril 1821 et, dès le 15 octobre 1822, la première machine est en mouvement. C’est durant cette année 1822 que Jean Georges Dufaud fait, du 22 mai au 16 juillet, un nouveau séjour en Angleterre. L’une de ses filles a épousé le fils d’un des plus importants maîtres de forges du pays de Galles, ce qui lui ouvre toutes les possibilités de prendre des notes très précises sur les installations et l’organisation du travail. Il commande plusieurs machines et outils pour l’usine de Fourchambault. Il sera à la tête du développement des usines jusqu’au décès de Jean Louis Boigues le 12 novembre 1838. Une réorganisation s’impose désormais et Achille Dufaud, son fils, devient directeur de tous les établissements. Jean Georges reste attaché à la Société comme ingénieur-conseil.
    Cette charge de travail ne l’empêche pas pour autant de donner de son temps aux intérêts publics. Le 23 août 1819 et le 8 juillet 1825 il est nommé membre du Conseil Général des Manufactures. Il est aussi président de la Chambre consulaire des Arts et Manufactures de Nevers et délégué par elle au Conseil Général. Il siège également parmi les membres du jury central aux expositions nationales de 1834, 1839 et 1844. En 1832 il est chargé par le gouvernement d’aller étudier en Angleterre les fabrications de la guerre et de la marine. Tâche dont il s’acquitte de manière très appliquée. Il remet son rapport au ministre le 9 novembre 1832 et c’est suite à ce rapport qu’il sera promu au grade d’officier de la Légion d’Honneur le 1er mai 1833.
    Membre du conseil de préfecture de la Nièvre de 1835 à 1848 il s’en retire en mars 1848 et s’intéresse à la gestion de Marzy, sa commune. Il en devient le maire de 1849 à 1851, fonction qu’il avait déjà occupée de novembre 1832 à 1835.
    Jean Georges Dufaud décède à Marzy le 20 juillet 1852. À ses obsèques assisteront de nombreux notables qui se mêleront à la population du milieu dans lequel il vivait ainsi qu’aux ouvriers de Fourchambault et de toutes les usines de la Société et de Guérigny. Tous réunis dans le souvenir de celui qui les avait dotés de riches instruments de travail et était resté pendant toute sa vie leur meilleur conseil et leur ami.
  • Jean Georges Dufaud est ce grand métallurgiste reconnu mais il est aussi l’homme auquel on s’adresse lorsqu’il est utile d’avoir un conseiller technique. En 1828, lors du renouvellement de la Chambre consultative des Arts et Manufactures du département de la Nièvre, sa renommée parmi les maîtres de forges est telle qu’il est nommé président de la Chambre et du jury départemental. Son ambition de devenir membre du jury national pour l’exposition générale des Arts et Manufactures de 1839 est satisfaite, il l’obtient le 11 avril 1839. En 1833 il est un des fondateurs de la Caisse d’Épargne de Nevers, en 1838 il est choisi comme président du conseil d’administration par la Sté du pond suspendu de Fourchambault et participera à la création de celui-ci. Il crée le port de Givry (Cher) qu’il relie au canal latéral à la Loire pour faciliter les échanges avec Fourchambault. Il est chargé de relancer les eaux minérales de Pougues et il y parvient. En 1847 il « réveille » la loge maçonnique de Nevers et en devient le vénérable ; il s’en occupera jusqu’en 1851.
    Le village Dufaud à Marzy qui porte son nom hébergeait jusqu’à 80 ménages.

(1) Substance sans valeur qui entoure un minerai.

Sources :
Notice biographique d’Alfred Saglio, petit-fils par alliance de Jean Georges Dufaud et directeur des usines qu’il a édifiées.
Économie et société nivernaise au début du XIXe siècle par André Thuillier.
Base Mérimée.
Archives ouvertes Négociants en fers et forges à l’anglaise (1817-1826) par Paul Antoine Naegel.
Images :
Archives 58.
Culture.gouv.fr

Martine NOËL Avril 2018