Crimes 1908

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Assassinat de Lazare Leuthereau

Le 8 octobre 1908, dans un train de nuit qui vient d'arriver de Paris en gare d'Autun, on trouve le cadavre d'un homme enveloppé dans une couverture. Il est couvert de sang, l'assassin lui ayant porté maints coups au crâne. L'homme est vite identifié : il s'agit de monsieur Leuthreau, négociant en bestiaux à Dun les Places, dont il a été maire. Il venait de traiter d'importantes affaires commerciales à Paris et devait porter sur lui dans les 6000 Francs, ce qui est énorme. L'homme qui a partagé le compartiment avec la victime pendant le voyage nocturne est un coupable possible.

Rapidement, les soupçons se portent sur un dénommé Abel Leblanc, 26 ans, originaire de Donzy ; un gars qui vit de divers boulots et souvent d'emprunts qu'il peine à rembourser. Au début, il nie, puis il finit par avouer. Il s'est donc, tandis qu'il roulait vers Clamecy pour aller voir sa mère avec à peine entre 50 et 60 F sur lui, trouvé dans le compartiment d'un wagon de deuxième classe avec Leuthreau (le riche négociant répugnait donc à voyager en première). Il a remarqué l'épaisseur du portefeuille. "Mon but n'était pas de tuer, mais seulement de voler. Je voulais juste m'emparer du portefeuille pendant qu'il dormirait". Or, le dit portefeuille s'est avéré attaché : il ne pouvait s'en emparer sans réveiller sa victime. Alors, lorsque le négociant a paru bien profondément endormi, du côté de Laroche-Migennes, il a tenté de l'assommer d'un coup de marteau (il en avait bizarrement un dans ses poches). Seulement, dans son élan, paniquant peut-être devant l'horreur de son propre geste, il a multiplié les coups et Leuthreau a péri sans s'être réveillé. Leblanc a recouvert le corps de la couverture puis est descendu à la gare d'Auxerre. De là, en automobile, il est allé à Troyes confier les 6000 F à un ami, puis a regagné Paris pour mener sa vie habituelle comme si de rien n'était.

Il est jugé aux assises de la Seine en décembre : l'accusation soutient qu'il y a eu préméditation, ce qu'il conteste (si les jurés suivent l'avis du procureur, il risque la peine de mort). On a retrouvé sur lui un marteau semblable à celui qui a servi à accomplir le crime, au manche scié, donc un manche préparé pour une action étrange. On ne voit pas pourquoi Leblanc, qui n'est pas spécialement menuisier ni membre d'une profession utilisant cet outil, portait un marteau dans ses poches.

La cour retient des "circonstances atténuantes" qui lui évitent la guillotine. Il est condamné aux travaux forcés à perpétuité et à rembourser 7000 F à la famille Leuthreau. Le 15 avril 1911, La Tribune annonce sa mort au bagne de Guyane.

Sources

  • "Délits et forfaits en Nivernais. 1870-1914", de et avec l'aimable autorisation de Philippe Landry
  • Transcripteur: Bernard Leuthereau, descendant de Lazare Leuthereau, adhérent et bénévole de GenNièvre

Notes et références

Notes


References