Charbon de bois et charbon de terre

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Le commerce du bois

  • Le trafic des charbons de bois est étroitement lié au commerce de bois. Ici encore, les marchands procèdent à peu près comme les maîtres de forges.
  • Parfois, ils achètent à l'amiable ou par adjudication certaines coupes de bois taillis, qu'ils transforment en charbon. Les clauses sont toujours les mêmes. L'adjudicataire ou le preneur fera cuire ses charbons dans les anciennes places de fourneau, et à défaut de places, il en fera faire dans les endroits les moins dommageables. Les marchands de bois comme les marchands de fer s'entendent avec les innombrables équipes de charbonnier qui peuplent le Nivernais aux 17e et 18e siècles. Le 18 mars 1691, Jacques Lorot et Jean Faulquier embauchent un charbonnier de Mouesse, Jean Demarçais, qui s'engage à dresser toutes les cordes de bois, propres à faire charbon, qu'il trouvera dans les bois d'Ardenay, dont les marchands ont acheté la coupe. Il convertira les cordes en charbon, à raison de 20 sols la banne, savoir 10 sols pour dresser les cordes et 10 sols pour le cuisage et la livraison. Il ne mettra le feu à ses fourneaux que sur l'ordre des marchands après que ceux-ci auront vérifié le travail. Les maîtres charbonniers vendent aussi aux marchands du charbon tout préparé. Le 8 janvier 1667, Vincent Burelin, charbonnier à Avril sur Loire, cède à Gilbert Gaignat 60 bannes de charbon de 15 poinçons chacune, à raison de 3 liards 10 sols la banne.
  • De toute manière, les marchands tâchent de vendre avec bénéfice. Ils vendent sur place à Nevers ou font l'exportation au dehors, vers les villes de la Loire et surtout Paris. Ici encore, il y a des marchands pour la provision de Paris, mais la plupart ne sont pas nivernais. Ils sont d'Orléans comme ce Jean Fontarive, dont les bateaux sont en fosse près de Nevers en 1789 par suite du manque d'eau. Les plus riches sont parisiens. Tous les ans, ils font de grandes tournées dans les campagnes de Nevers et de Decize, et embauchent des voituriers par eau. En avril 1788, Denis Victor Marseaux, marchand de bois et de charbon pour la provision de Paris, s'entend avec trois mariniers de Nevers, François Denis, François Coiffard et Jacques Audrault, qui s'engagent à prendre dans les différents ports nivernais de la Loire et à conduire sur Paris tous les charbons que Marseaux achètera dans le courant de l'année et passeront par le canal de Briare ou celui d'Orléans. Le paiement se fera par tiers, à Briare, à Paris et trois mois après la dernière livraison. Les voituriers seront payés à raison de 12 liards la banne. Ils ne chargeront dans chacun de leurs bateaux que 93 ou 100 bannes et veilleront au bon état de la cargaison. Le charbon de bois mouillé ne vaut plus rien. Il faudra donc protéger les chargement contre l'eau de la cale et même les recouvrir d'une toiture en planches pour les abriter de la pluie. Les entreprises du sieur Marseaux étaient sans doute importantes, car en janvier 1789, les mêmes voituriers sont encore à son service et se trouvent bloqués par les glaces avec 8 bateaux en face de la blanchisserie.
  • Quant au charbon de pierre, comme on dit alors, il ne fut jamais très employé dans le Nivernais. Il y eut toujours parmi les populations un préjugé contre ce genre de chauffage. Les particuliers préféraient le bois, et certaines industries comme celles des faïences ou de la verrerie ne s'accommodèrent jamais de la houille, malgré les essais qui furent plusieurs fois tentés. Aux 17e et 18e siècles, ce commerce n'est jamais local. Le charbon de terre ne fait que passer à Nevers pour des destinations lointaines; La houille des mines de la Machine, dont Colbert et les administrateurs des forges royales du Nivernais favorisaient l'emploi afin de concurrencer les houilles anglaises, descend la Loire à destination des ports militaires, Brest et Rochefort, mais elle se heurte à des résistances et à des préjugés chez les industriels et les ouvriers, qui souvent lui préfèrent le combustible d'outre-mer. Au siècle suivant, c'est surtout la houille de St Étienne qui passe sous les ponts de Nevers avec les nombreux convois de St Rambergues et de Roannaises.