Calamités

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La grippe espagnole.

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  • Dès l'été 1918, la grippe est signalée à Decize (La Tribune, 11 juillet 1918).
    Contre la grippe, des conseils sont donnés à la population : 1° faire bouillir l'eau ; 2° se laver les mains avant les repas ; 3° éviter de consommer des crudités ; 4° éviter le contact des foules (La Tribune, 9 octobre 1918)(1).
    Les premières semaines, il n'est pas facile d'identifier cette maladie. Un médecin neversois chargé de la prophylaxie déclare au plus fort de l'épidémie : "Nous ne savons pas au juste à quelle époque a débuté l'épidémie actuelle d'influenza car il y a eu, cet été, de très nombreux cas d'intoxication gastro-intestinale, comme il s'en présente parfois pendant les chaleurs et qu'on a parfaitement pu confondre avec des cas de grippe des voies digestives(2)". Toutefois, cette épidémie se répand très rapidement dans une population mal nourrie, angoissée, affaiblie après quatre ans de restrictions, et encore plus vite chez les blessés, convalescents des hôpitaux militaires.
    Le préfet demande aux maires et aux dirigeants des principales entreprises de lui signaler les moyens sanitaires dont ils disposent pour soigner les malades et enrayer l'épidémie. Une enquête qui doit être exploitée, à partir de novembre 1918 par le docteur Lesieur, coordinateur départemental. Il ne faut pas relâcher l'effort industriel et chaque usine doit veiller à la santé de ses employés.
    Plusieurs responsables économiques et militaires craignent que l'amalgame d'ouvriers étrangers d'origines très diverses ne soit un facteur aggravant de propagation de cette grippe : "Un nombre considérable d'ouvriers mobilisés ont été agglomérés dans des villes où la population était bien moindre en temps de paix. Des quantités de travailleurs étrangers ou indigènes militarisés (Kabyles, Chinois, Annamites, Grecs, Portugais). Il est à prévoir que ces divers contingents de travailleurs paient leur tribut aux maladies épidémiques cet hiver(3)".
    À La Machine, les responsables de la Compagnie Schneider signalent qu'ils pourraient récupérer une vingtaine de lits inutilisés dans l'Hôpital Militaire du 69e R.I. (installé à l'école maternelle). Cet hôpital est doté de soixante-dix lits, pour la plupart vides ; cinquante suffisent largement pour les militaires.
    Le directeur de la Verrerie de Saint-Léger (passée sous le contrôle des Établissements Charbonneaux de Reims) signale que seuls deux ouvriers ont été conduits à l'hôpital de Decize. Les autres sont soignés à domicile, une mesure qui doit permettre un meilleur isolement. Toutefois, les ouvriers et leurs familles représentent 700 individus, susceptibles d'êtres atteints par cette grippe, et le directeur manifeste son inquiétude. Le maire de Saint-Léger, Alexandre Nourry, se plaint de ne disposer d'aucun local susceptible d'être aménagé en hôpital d'urgence, et il a en charge plus de 2000 habitants - en comptant les réfugiés et les verriers rémois.
    M. Archambault, adjoint faisant fonction de maire de Decize - qui va bientôt être emporté par l'épidémie et l'épuisement - déplore lui aussi une situation sanitaire dangereuse. Il n'y a à Decize qu'un seul médecin militaire et le docteur Dejean, "médecin civil très actif". Tous les locaux sont déjà occupés : l'hôpital, l'école primaire supérieure, les Minimes, Corcelles, Chevannes, le camp de Caquerêt... "La plupart des malades devront être soignés chez eux..."
    À Decize, l'épidémie commence au milieu du mois de septembre à l'hôpital auxiliaire n°3 (Les Minimes) ; plusieurs cas bénins se déclarent ; une dame chargée de l'approvisionnement est contaminée, elle décède.
    Le 9 octobre 1918, le docteur Dejean signale au préfet le développement brutal de l'épidémie à Decize : "L'épidémie de grippe s'est manifestée depuis hier à l'école libre des Minimes. Une vingtaine de pensionnaires sont alités. [...] Le directeur va renvoyer chez eux les pensionnaires encore indemnes, car les faire coucher dans les dortoirs avec leurs camarades malades serait les condamner à contracter la grippe. il désinfectera les salles avant leur retour. À l'Ecole Primaire Supérieure, hier un pensionnaire seul était atteint; aujourd'hui ils sont cinq. [...] Dans la population civile, une dizaine de cas se sont produits hier, et aujourd'hui cinq à six autres."
    À la fin du mois d'octobre, la garnison est touchée : le médecin militaire signale 7 cas, tous bénins.
    Au début de l'année 1919, la grippe semble en décroissance. Un malade meurt encore à Béard, deux à Neuville-les-Decize.

(1) A.D.N., cote 2717.
(2) Lettre du docteur Gasztowtt au préfet de la Nièvre, 7 octobre 1918, A.D.N., cote M 5200.
(3) Enquête du Service de la Santé Militaire de Bourges, rapport sur les villes industrielles du Sud de la Nièvre, 26 septembre 1918.


Texte de Pierre Volut http://histoiresdedecize.pagesperso-orange.fr/index.htm et http://lesbleuetsdecizois.blogspot.fr/ mis en page par Martine NOËL (discussion) 21 août 2018 à 11:58 (CEST)