Thermalisme et train

De Wiki58
Aller à la navigationAller à la recherche

Quand le train accompagne le thermalisme

La Bourgogne ne fut pas pionnière en matière de développement ferroviaire. Routes et voies d’eau sont restées longtemps les modes de transports privilégiés. Au grand désespoir d’Alphonse de Lamartine, président du Conseil général de Saône et Loire : « Il s’agit d’une des plus grandes affaires qu’un pays ait jamais eu à mener … cela multiplie à l’infini les forces et l’industrie humaine. » Pourtant au 21ème siècle, le Président de la SNCF signait avec le Président de la Région Bourgogne l’une des premières conventions d’exploitation des transports express régionaux (TER) liant la société nationale aux régions françaises.

Un voyage de 13 heures depuis Paris

A ses débuts, la voie ferrée est considérée en France comme un complément des voies navigables «  un affluent destiné à relier entre eux le fleuve et les centres industriels ». Malgré l’importance grandissante de la cité thermale, les voyageurs arriveront donc à la gare SNCF de Vandenesse, située près du canal du Nivernais. Quelques changements et 13 heures de voyage !!! André Prévotat se souvient que jusque dans les années 1920, son oncle allait y chercher les voyageurs attendus à l’hôtel Walsdorf dans un bus décapotable avec des arceaux en bois. Les curistes occupent à cette époque soit les hôtels luxueux, soit les belles villas comme la villa Suzanne. Les familles entières arrivent alors accompagnées de leurs domestiques. Entre les deux guerres mondiales, des voitures directes (sans changement) furent mises en service entre Paris et Cercy la Tour via Auxerre, avec arrêt à Vandenesse ce qui permit aux curistes de rejoindre plus facilement la station thermale de Saint-Honoré-les-Bains.

Le Morvan Palace
L'hôtel Walsdoff
La gare de Vandenesse et le service de voitures pour Saint Honoré
Vapeur en gare de Rémilly

Wagon spécial pour les curistes

Après la création de la SNCF et quelques protecteurs influents de Saint Honoré les Bains plus tard, les voyageurs depuis Paris arriveront à la gare de Rémilly. Durant toute la saison thermale, il n’y avait pas de changement depuis la capitale : à la gare de Lyon un wagon était spécialement destiné aux curistes. 3 trains par jour pouvaient s’arrêter et les bus de la Société Ligonie ou les taxis locaux les conduisaient où les rapprochait de leur pension de famille, de leur hôtel ou de leur location. A chaque changement de cure, toutes les 3 semaines, 3 bus étaient nécessaires pour chaque train. Ils transportaient également les bagages, sur la galerie du toit. Les billets de train étaient en vente au café-restaurant « Le Centre », chez Paul et Suzanne Raynal et au Syndicat d’Initiative. Il y eut même un maire pour s’indigner par écrit auprès de la SNCF qu’une « tenancière de bistrot » puisse effectuer ce travail. Après enquête, réponse écrite explicite de la SNCF à Suzanne Raynal. Elle ne suit pas les allégations et ne voit aucune objection à l’organisation. Maîtresse femme qui n’était pas du genre à laisser un bienfait se perdre, Suzanne Raynal exigera que le Maire lui-même fasse lecture à voix haute de cette lettre au cours d’une réunion publique, dans une ambiance que l’on imagine.

Des affiches exceptionnelles

En son temps, la compagnie PLM a déployé une véritable politique de séduction, d’attraction commerciale et publicitaire par le déploiement de l’affichage. Prévues à l’origine pour rester en placard dans les gares, elles furent en fait répandues à profusion sur les murs, les palissades et les salles d’attente. Grâce à la technique de la lithographie, elles étaient tirées à 3000 exemplaires avant de laisser la place aux suivantes d’où leur rareté et leur caractère de collection. Saint Honoré les Bains bénéficia largement de cette promotion. Des artistes renommés ont réalisé des affiches de la cité dont certaines, originales et extrêmement rares, sont aujourd’hui visibles à la Mairie.
Une galerie de reproductions est consultable en suivant le lien Saint Honoré les Bains images

Un académicien, Henri Bordeaux a écrit :  « Ces affiches multicolores…rien qu’en les regardant, on éprouve la tentation de partir…Partir, c’est vivre davantage, c’est secouer la torpeur, se comparer, s’enrichir » Henri Garnier dit Tanconville ( 1845-1936), artiste peintre de paysages, se plaît à représenter pour la compagnie PLM la réalité dans ses moindres détails. Roger Broders ( 1883-1953) au style très graphique réalise 63 affiches pour la SNCF, il révolutionne le genre avec cette maxime toujours d’actualité :« On passe, on voit, on enregistre » réalisée en 1928.


  • Article de Paule Ranty


--Patrick Raynal 2 mars 2014 à 11:18 (CET)