Saints Crassou, Cornard et Cancouelle

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  • Dès la plus haute antiquité, les hommes, ont senti le besoin, chaque fois qu'une douleur, qu'elle soit corporelle ou spirituelle les touchait, d'implorer l'assistance d'un astre quelconque ou même d'un être leur semblant tout puissant et, s'ils obtenaient le soulagement demandé, ils n'hésitaient pas à se mettre sous sa protection et à le vénérer.
  • Ainsi, par souvenir, des divinités furent crées et célébrées par des fêtes qui se renouvelèrent à des époques déterminées. Une fois vainqueurs des Gaulois, les Romains leur imposèrent leurs dieux.
  • Le christianisme, une fois établi, mit les Saints à la place des Cieux et certains de ces saints dont le nom s'accordait avec celui d'une maladie devaient alors être invoqués pour la guérison : ainsi saint Ignace guérit la teigne ; saint Aurélien, les maux d'oreille ; saint Clair, les yeux ; saint Cloud, les furoncles, etc.
  • Les églises furent placées sous la protection d'un saint dont, à certaines époques, on célébrait la fête avec force réjouissances. Chaque paroisse eut alors son apport comme on dit en Nivernais. Dans le canton de Saint-Saulge, il semble que trois communes aient célébré des fêtes patronales dont les noms ne peuvent s'identifier aux saints auxquels les églises étaient dédiées.

  • Laissons Victor Guéneau évoquer Crassou, Cornard et Cancouelle. Nous sommes en 1920 :

A Saint-Benin-des-Bois, dont l'église est placée sous le vocable de Saint-Bénigne, la fête du pays, qui a lieu le premier dimanche de juin, est appelée la « Saint-Crassou ». En latin « Crassus », veut dire gras, fertile. Peut-être, dans le principe, célébra-t-on la fertilité du pays, mais j'ai entendu dire que les expressions crasse et crassou signifiaient avarice, ladrerie et je me demande si, par hasard, les aubergistes, cabaretiers et autres habitants de Saint-Benin-des-Bois, n'auraient pas été tant soi peu crassous pour ceux qui venaient fêter leur saint patron

A Sainte-Marie l'apport a lieu le dernier dimanche de mai et porte le nom de « Saint-Cornard ». Je me garderai bien de faire une allusion quelconque aux honnêtes citoyens de ce pays. Je suppose seulement que ce nom a été déformé et rappelle l'antique célébration « sanctorum natalia coronatorum » ou ces sanciaux en forme de croissant (« sancitus », consacré), espèces de beignets qu'on offrait jadis à Cérès et que le christianisme a permis d'offrir à la Vierge Marie. « Cornu », en effet, veut dire corne, croissant et « corniculum » qui a la forme d'un croissant.

A Lichy, ancienne paroisse réunie depuis longtemps à Bona et dont l'église était placée sous le vocable de Notre-Dame de l'Assomption, la fête du pays, qui se célèbre le dernier dimanche d'avril, s'appelle la « Saint-Cancouelle ». Sans m'arrêter au vieux mot « cancan » qui signifiait bruit ou bavardage dans une réunion d'hommes et de femmes, ni à « cancionnaire », synonyme de cantique, il me semble que la Saint-Cancouelle a été ainsi nommée tout simplement parce qu'à cette époque de l'année les hannetons que nous appelons vulgairement « cancouelles » voltigent de tous côté.

Jadis il fallait manger pour faire honneur à son saint patron et chaque dîner avait son gâteau symbolique, son gâteau spécial : pain d'épice, croissant, etc., qu'on arrosait abondamment. Depuis de bien longues et bien angoissantes années les fêtes patronales ne se célèbrent plus. Espérons que nos si héroïques enfants de France libéreront bientôt notre chère patrie des hordes barbares qui l'ont envahie et fêteront avec bonheur leurs apports et particulièrement ceux du canton de Saint-Saulge, les fêtes de saint Crassou, saint Cornard et saint Cancouelle sur les noms desquels vous serez bien aimables de me renseigner (signé Victor Guéneau en 1920).



Source : Mémoires de la Société académique du Nivernais - Victor Guéneau (1920).
--m mirault 30 octobre 2011 à 08:10 (CET)