Saint Maurice les Decize

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Les anciens lieux de culte de Decize.

  • Decize a eu longtemps quatre paroisses. Sur la rive droite de la Loire : Notre-Dame de Brain et Saint-Privé ; dans l’île et sur une partie de la rive gauche, Saint-Aré ; enfin Saint-Maurice-des-Forains.
  • Deux fusions ont eu lieu aux XVIe et XVIIe siècles : la paroisse de Brain a été regroupée avec Saint-Privé ; le même curé en a reçu la responsabilité. Jusqu’aux alentours de 1730, l’église Notre-Dame de Brain est encore utilisée pour les baptêmes, les inhumations, les mariages. Elle est peu à peu abandonnée. A la veille de la Révolution, elle est en ruines. Le seul curé de Brain dont le nom a été retenu est Jean Gay : le 10 novembre 1456, il dessert Notre-Dame de Brain ; six ans plus tard, il devient l’un des quatre curés portionnaires de Saint-Aré. Il n’y a pas de registre particulier pour Brain.

Saint-Maurice-des-Forains(1).

Ancienne église paroissiale
  • La même évolution s’est produite pour les deux autres paroisses. En raison de sa très faible population, la paroisse Saint-Maurice a été rattachée à Saint-Aré ; on ne trouve mention des curés de Saint-Maurice qu’en 1456 (Pierre Billon, cité par François Tresvaux de Berteux) et 1544 (redevance de 5 sols tournois et 4 boisseaux de froment par mariage, et procès d‘un paroissien). L’église de Saint-Maurice a subsisté plus longtemps que celle de Brain : il en reste encore le chœur et un mur d’enceinte, et plusieurs pierres tombales postérieures à la Révolution (familles Blondat, Bouchot-Plainchant et Delaire). Des registres paroissiaux sont cités pour certaines années entre 1661 et 1720 dans un inventaire des Minimes, mais ils ont dû être égarés après la Révolution.
  • En 1518, le pape Léon X a accordé, par plusieurs bulles, des indulgences à ceux et celles qui visiteraient l’église Saint-Maurice depuis les premières vêpres jusqu’aux secondes inclusivement, les jours de Saint Maurice, de Saint Jérôme, de l’Annonciation, de la seconde férie de Pâques, de la Dédicace et de la seconde férie de la Pentecôte. On est alors en pleine période de trafic d’indulgences, cet abus qui est l’une des causes de la révolte de Martin Luther(2).
  • En 1580, la paroisse Saint-Maurice est annexée à Saint-Aré, « attendu le petit nombre de paroissiens et de maisons », toutefois les « droits de patronage et de présentation » sont dévolus au prieur de Saint-Pierre. Et ce partage des compétences entraînera un va-et-vient entre les prêtres de Saint-Aré, les Minimes et l’église de Saint-Maurice.
  • « Pour obvier à plusieurs grands inconvénients qui leur arrivaient tous les jours », messieurs les curés de Saint-Aré refusent en 1629 d’aller desservir Saint-Maurice et ils demandent aux Minimes de les suppléer. Quels sont ces grands inconvénients ? D’abord le risque de noyade, car le pont de Crotte a été une nouvelle fois détruit par la crue et les prêtres ont peur de traverser en bateau dans les remous qui se font près des piliers. Mais, dans la lettre qu’ils adressent au prieur des Minimes Vincent Machon, une autre excuse semble plus sérieuse : à Saint-Maurice et sur la rive gauche de la Loire, on se moque d’eux, on leur tient des propos impies, et il y aurait même des Huguenots. Les Minimes sont venus pour convertir les protestants, c’est donc leur devoir d’aller relever cette paroisse turbulente. Le prieur en réfère à son supérieur, le Père Collard, Provincial de France, puis il délègue un religieux. Mais l’église est vide, il faut rebâtir un mur. « La pauvreté des paroissiens est si grande qu’ils ne pourront rien contribuer, non pas même une pauvre nappe d’autel. »
  • Quand les Minimes ont remis en état l’église de Saint-Maurice, les curés de Saint-Aré se souviennent que l’administration de cette paroisse est de leur ressort. Le conflit s’envenime jusqu’à des actes de vandalisme. Les vases sacrés et les ornements sont subrepticement emportés à Saint-Aré. En 1744, devant le notaire Grenot, Jean-Jacques Bellot, prieur des Minimes, raconte que l’église Saint-Maurice n’a plus que la moitié de son toit, qu’un mur est effondré et le sol déquarré sur tout le côté droit. Est-ce le résultat d’une tempête ? Non, car le vigneron Nazaire Bonneau, qui habite en face de l’église, témoigne qu’il a vu le couvreur Antoine Ducarroy l’Aîné et son fils effectuer cette besogne pendant toute une soirée. Et la destruction de l’église Saint-Maurice aurait été faite « par ordre du curé Sursin », l'un des prêtres de Saint-Aré. L’affaire semble s’être arrêtée là, l’église Saint-Maurice n’a jamais été rebâtie. Vendue 300 livres en 1790, elle est devenue propriété privée.

    (1) La dénomination choisie par les archives est Saint Maurice lès Decize . Le mot forains signifiait que cette église desservait un grand nombre de fermes isolées de ce côté de la Loire.
    (2) Les Thèses de Wittenberg ont été rédigées l’année précédente par le théologien allemand à ce propos. Une autre indulgence importante a été accordée en 1630 par le pape Innocent XI à ceux qui assistent aux prières de quarante heures consécutives dites, à partir du dimanche de la Quinquagésime, dans l’église des Minimes, « pour la concorde entre les princes chrétiens, l’extirpation de l’hérésie et l’exultation de notre mère la Sainte Eglise . » Il n’est pas précisé si on obtient l’indulgence en étant simplement présent à ce marathon de prières ou s’il faut participer activement…


Texte et image communiqué par Pierre Volut http://histoiresdedecize.pagesperso-orange.fr/
Février 2014