Saint Honoré les Bains Archéologie

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Un groupe en terre cuite

M. Adrien Blanchet communique un groupe en terre cuite récemment trouvé à Saint Honoré les Bains, qui représente Vénus debout, entourée de petits génies. Parmi ceux-ci, l'un tient un coffret sur ses genoux ; un second présente d'une main, à la déesse, un alabastron contenant probablement l'huile parfumée, et de l'autre main, il tient une colombe, oiseau consacré à Vénus. Un troisième Éros porte un arc, et, au-dessous de lui, une petite figure féminine tend un miroir à la déesse. M. Blanchet rapproche cette terre cuite de plusieurs autres monuments représentant la toilette de Vénus, et il constate qu'aucun n'offre une composition aussi importante que la statuette de Saint-Honoré-les-Bains.

Source : Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 36e année, N. 2, 1892. p. 76.

Une statuette en argent

Saint Honoré les Bains Statuette.jpg
  • L'ancien territoire des Éduens a fourni de nombreux documents, épigraphiques ou figurés, relatifs aux divinités topiques. Au nord-est de ce territoire, entre Autun et Decize, est située la petite ville de Saint-Honoré-les-Bains qui, d'après la Commission de la carte des Gaules, correspondrait aux Aquæ Alisinci de la Table de Peutinger et au point nommé Alisincum dans l'Itinéraire d'Antonin, entre Augustodunum et Decetia (Autun et Decize).
  • Au cours des travaux exécutés depuis vingt-cinq ans à l'église de cette localité, on a découvert deux fragments d'inscription qui ont permis sinon de compléter, au moins d'améliorer grandement, un troisième fragment du même texte, encastré depuis longtemps dans la tour de cette église. La juxtaposition des trois fragments a fait reconnaître qu'ils appartenaient à un texte votif, gravé en l'honneur d'une déesse dont le nom reste encore incomplet. Cette déesse était vraisemblablement la déesse locale d'Alisincum, la divinité protectrice de la ville antique et de ses eaux. On peut supposer qu'elle avait un caractère médical et qu'elle était invoquée par les malades accourus dans cet endroit pour demander aux eaux bienfaisantes une guérison rapide. L'inscription ainsi améliorée mentionne la construction d'un temple en l'honneur de la déesse ; c'est le seul texte romain qui ait été trouvé sur ce point.
  • L'église est située sur une colline au nord-est et à cinq cents mètres environ des bains. Dans les terrains voisins, et notamment dans le jardin du presbytère, on a constaté la présence de murs et de fondations dont jusqu'à présent aucun relevé méthodique n'a été publié. Il serait intéressant pourtant de déterminer la nature des édifices auxquels ces murs peuvent appartenir.
  • Au printemps de l'année 1902, dans les fouilles opérées pour l'agrandissement du chœur de l'église, à la profondeur de 50 à 60 cm, dans une terre mêlée de pierres et de débris de tuiles, on a découvert, près de l'abside, une statuette d'argent. Posée sur sa base circulaire antique, elle mesure 26 cm de hauteur. Elle représente une femme drapée, debout : la main droite, ouverte, est levée à la hauteur de l'épaule ; la draperie retombe sur l'avant-bras gauche à demi-plié et légèrement avancé. De ce côté, la main supportait un attribut qui a disparu avec elle, peut-être une corne d'abondance ? La chevelure, ornée d'un diadème, est séparée en deux au milieu du front et rejetée en arrière. La tunique, attachée sur l'épaule droite, est serrée à la taille du côté gauche ; elle s'écarte et s'abaisse légèrement, laissant à découvert l'épaule avec le haut de la poitrine. Les yeux sont pleins et les pupilles soigneusement indiquées au trait. Le poids du corps porte sur la jambe gauche et la jambe droite est légèrement pliée sous la draperie. L'ensemble de la figure est lourd ; les contours sont ronds les formes courtes et assez communes ; l'aspect général dénote un travail provincial romain, correct mais sans élégance, remontant à la fin du II° siècle ou au commencement du III° siècle de notre ère.
    La déchirure, visible au milieu du corps, a été faite par la pioche du terrassier au moment de la découverte. Le bras droit est détaché la main gauche n'a pas été retrouvée.
  • La statuette entière se composait primitivement de quatre pièces différentes :
1° La base circulaire creuse, formée d'une feuille d'argent façonnée au tour.
2° Les parties drapées du corps, avec la tête de la statuette, formées d'une feuille d'argent battu dans un moule. Les bords de la feuille ont été rapprochés par derrière et soudés ; la soudure est peu visible mais cependant elle est apparente sous un certain jour.
3° Le bras droit fondu en bronze plein, originairement argenté et dont l'argenture a disparu.
4° La main gauche, sans doute aussi en bronze plein argenté, qui n'a pas été retrouvée.
  • Évidemment, cette statuette est celle d'une divinité : quoiqu'elle ne porte aucune inscription, son caractère votif ne semble pas douteux. La première pensée qui vient à l'esprit, c'est qu'on doit la rapprocher de l'inscription recueillie au même endroit sur laquelle était gravé le nom, resté malheureusement incertain, d'une déesse locale. On est frappé aussi de l'analogie qu'elle présente, pour l'attitude et pour l'aspect général, avec une statuette de bronze trouvée à Brèves, c'est-à dire dans la même région. La statuette de Brèves est celle d'une divinité féminine, drapée et diadémée, debout, portant dans la main droite avancée une patère à ombilic ; l'attribut de la main gauche abaissée manque ; les bras sont nus, la chevelure est séparée en bandeaux. La base, exactement de même forme que celle de la statuette de Saint-Honoré, a été fondue à part ; elle est creuse, en bronze assez mince. Les deux figures offrent, à mon avis, des images de divinités topiques. Il est assez naturel de supposer que la statuette de Saint-Honoré-les-Bains provient d'un temple où elle avait été consacrée par un dévot du pays ou par un malade venu aux bains d'Alisincum afin d'obtenir la guérison de ses maux. La seule existence des bains entraînait celle d'un temple, qui en était l'accessoire obligé ; l'inscription rappelée plus haut ne peut d'ailleurs laisser aucun doute sur la construction d'un sanctuaire en cet endroit.
Antoine Héron de Villefosse pour la Société nivernaise des lettres, sciences et arts. Série 3, T10 (1905)