Maréchal grossier

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  • Le maréchal grossier exerçait un art différent de celui du maréchal-ferrant. Il était qualifié de grossier car c’était celui qui s’occupait principalement à fabriquer tous les gros ouvrages de serrurerie tels que les essieux, la garniture des roues en bandes de fer, les arc-boutants, les sièges, les crics et généralement toutes les ferrures entrant dans la confection d’une voiture.
    C’est lui qui ferre les roues des voitures, des carrosses, qui en forge les bandes, les arcs et qui les place.
  • La technique pour garnir les roues en bandes de fer s’appelle l’embattage. Pour cela il faut, soit utiliser autant de bandes de fer qu’il y a de jantes à la roue, soit ferrer la roue avec un cercle de fer d’une seule pièce.
    La première technique consiste à placer la roue dans l’embattoir, c’est-à-dire une fosse d’une longueur variant de 1,80 ml à 2,15 ml sur 0,30 ml de largeur et 0,90 ml de profondeur. Cette fosse, bordée d’un fort châssis de charpente qui assure la maçonnerie doit être suffisamment étanche pour tenir l’eau dont elle est remplie. Elle pouvait également être garnie de glaise.
    La roue est placée dans la fosse de manière qu’elle y soit plongée à moitié et que les deux bouts du moyeu portent sur le châssis.
    Ensuite, le maréchal grossier applique sur les jantes de la roue une des bandes de fer préalablement rougies au feu pour les dilater et les faire mieux s’adapter à la circonférence de la roue. Le feu prenant après l’embattage de la bande, il faut alors tourner la roue de sorte que la bande et la partie enflammée se trouvent plongées dans l’eau de l’embattoir pour qu’elles s’y s’éteignent.
    Cette technique avait un inconvénient majeur car le charbon formé par la combustion de la jante restait interposé entre elle et la bande. Il se réduisait en poussière par le roulage et s’échappait. La bande ne posait plus sur la jante et finissait par se détacher. Chaque fois qu’il fallait remettre la bande, la jante était de nouveau brûlée, la roue cessait d’être ronde, les jantes rapidement détruites et les roues hors d’usage.
    La seconde technique consiste à ferrer la roue avec un cercle d’une seule pièce avec l’aide du diable, sorte de levier assez semblable à celui des tonneliers. L’opération consiste à faire passer la bande de fer sur la roue.
  • Ces méthodes ont été suivies jusqu’en 1822, date à laquelle de nouveaux procédés ont été imaginés à l’arsenal de Douai, par ordre du ministre de la guerre qui a souhaité que tous les ateliers adoptent la même façon de faire. Inspirée du système de Gribeauval qui avait introduit l’uniformité dans les constructions de l’artillerie, l’uniformité dans les procédés de fabrication s’introduit successivement dans les compagnies d’ouvriers. À l’aide d’une machine ingénieuse facile à construire, la forme nécessaire est donnée aux bandes sur un mandrin en fer. Elles sont ensuite posées à froid sur les roues et ne sont donc plus brûlées.
  • L’ordonnance de police du 1er février 1781 oblige les maîtres charrons, menuisiers et autres métiers du bois qui cumulent avec leur profession celle de serrurier, taillandier, maréchal grossier qui travaillent dans la même maison à avoir deux ateliers séparés par un mur de 8 pieds (environ 2,45 ml) au moins d’élévation. Il devra être construit sans aucun bois de charpente. Il leur sera interdit d’adosser les forges au mur, ni employer dans l’atelier où sera la forge les apprentis et compagnons travaillant le bois. Ils devront placer la porte de communication de manière que les étincelles de la forge ne puissent jaillir dans l’atelier voisin. Aucun bois, recoupes, pièces de charonnages, menuiseries ne devront être déposés dans l’atelier des forges à l’exception des ouvrages finis et ceux qu’ils seront occupés à ferrer. Ils auront à charge de les retirer à la fin de la journée et de les placer dans un endroit séparé de la forge de manière qu’il ne reste pendant la nuit, aucune matière combustible dans les ateliers.
    Une déclaration avant de former ces deux établissements devait être faite au commissaire du quartier qui se rendait sur place et dressait procès-verbal à leurs frais. Une amende de 400 livres était infligée à ceux qui ne respectait pas cette obligation. Ce non-respect pouvait aller jusqu’à la démolition des forges et la fermeture des ateliers.
L’embattage des roues
Quelques outils
  • Sources : Encyclopédie Méthodique Arts et Métiers Mécaniques Tome Quatrième.
    Encyclopédie moderne ou bibliothèque universelle de toutes les connaissances humaines.
    Recueil général des anciennes lois françaises, depuis l'an 420 jusqu'à la Révolution de 1789.
  • Images : site cnrtl.fr et site Saint Sulpice-Laurière

Martine NOËL juillet 2017