Loire-considerations

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Les couleurs de la Nièvre, Henri Nicolas, 2000

La Loire à travers la Nièvre

Sur une longueur de 120 kilomètres, la Loire traverse, puis longe le département de la Nièvre, qu'elle sépare de celui du Cher. L'été, on la voit onduler, sinuer, serpenter, dans un lit trop grand pour elle, entre des îles où poussent des saules ou des buissons : le vert tranche avec le gris bleuté du fleuve, et surtout avec la couleur claire du sable, blond comme une chevelure de fillette.

Blond : oui, voilà l'adjectif idoine. Déjà, Péguy parlait de la blonde Loire. Souvent il y a davantage de sable que d'eau, et Jules Renard la traitait de fleuve de sable quelquefois mouillé. Et ceux qui, aujourd'hui, s'adonnent au canoë aiment à faire remarquer plaisamment qu'à certaines époques de l'année les dangers encourus ne sont pas les tourbillons, mais bien les coups de soleil. A la différence de Péguy, Stendhal, auteur pourtant du livre "le rouge et le noir", ne s'attachait pas tellement à la couleur du fleuve, il se contentait dans déplorer le faibles débit : la Loire est ridicule à force d'îles ; une île doit être une exception chez un fleuve bien appris. Mais, pour la Loire, l'île est la règle, de façon que le fleuve, toujours divisée en deux ou trois branches, manque d'eau partout.

C'est vrai, mais peut-être l'écrivain a-t-il vu la Loire seulement en été. Quand arrive la mauvaise saison, elle est grosse des eaux venues du Massif Central, et il lui arrive même de se montrer fougueuse et de générer des crues : quelques-unes d'entre elles ont été, dans le passé, catastrophiques. D'ailleurs, dans la traversée de certaines villes - Nevers, La Charité - elle affiche une largeur déjà imposante et, pour la traversée, il a fallu construire des ponts massifs et solides.

La Loire est utilisé comme moyen de transport depuis des siècles. Il fallait évidemment se servir - et pas en n'importe quelle saison - de bateaux à fond plat, les gabares, ou creuser des chenaux. On acheminait ainsi des marchandises - faïences de Nevers, charbons de La Machine et vins de Pouilly notamment - et des voyageurs, comme par exemple la Marquise de Sévigné, qui n'a pas manqué de donner ses impressions épistolaires sur ce moyen de transport.


--Patrick Raynal 29 octobre 2013 à 19:24 (CET)