Les fusillés

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Guerre 1914-1918 57.jpg

Un poilu nivernais, Maurice Étienne Sergent, fusillé pour trahison

  • Pendant la Grande Guerre, des soldats français ont été fusillés par leurs propres camarades, la plupart du temps pour désobéissance aux ordres et abandon de poste face à l'ennemi. Longtemps l'accent a été mis sur les fusillés pour l'exemple, choisis arbitrairement parmi des régiments insurgés lors de la bataille du Chemin des Dames en 1917. En réalité, la répartition des fusillés montre qu'il y en a eu beaucoup plus pendant les premiers mois du conflit. Depuis une dizaine d'années, la mémoire de ces fusillés a entraîné plusieurs polémiques et divisé la classe politique. Faut-il tous les réhabiliter ? Méritent-ils tous que leurs noms soient gravés sur les monuments aux morts ? Étaient-ils tous victimes d'une hiérarchie impitoyable ou n'y avait-il pas parmi eux aussi des espions, des lâches, des malfrats, des pilleurs ? Le site Internet mémoire des hommes du Ministère de la Défense a mis récemment en ligne les dossiers de 1009 fusillés et exécutés sommairement. Il est donc possible d'accéder aux dossiers de ces victimes particulières de la guerre, département par département. Or, la Nièvre ne compte qu'un seul fusillé, Marcel Étienne Sergent, né à Montigny-sur-Canne. Voici son parcours.
  • Maurice Étienne Sergent est né le 9 mars 1894 à Montigny-sur-Canne. Ses parents se nommaient Louis Sergent et Marie Bonnotte. Il a été recensé à Aunay-en-Bazois, où il était domestique de ferme (matricule départemental 214, et n°100 du canton de Châtillon-en-Bazois).
    Le premier septembre 1914, Maurice Étienne Sergent est incorporé au 27e Régiment d'Infanterie. Il passe au 134e R.I. le 10 décembre 1914, puis au 56e R.I. le 22 juillet 1915.
    Il est condamné une première fois par le conseil de guerre de la 15e Division d'Infanterie, lors de la séance du 10 décembre, à un an de prison pour provocation de militaires à la désobéissance. La peine est certainement réduite puisque Maurice Étienne Sergent, qui est revenu au 27e R.I., récidive en mai 1916.
    Le 2 juin 1916, le conseil de guerre le condamne à la peine de mort avec dégradation militaire pour tentative de désertion à l'ennemi et d'intelligence avec l'ennemi dans le but de favoriser des entreprises. Le conseil de guerre est composé de 5 officiers et sous-officiers : le lieutenant-colonel Poupard, le chef de bataillon Drussel, le capitaine Mouton, le sous-lieutenant Lepagnole et le maréchal des logis chef Benech ; le lieutenant Vermeil est rapporteur du gouvernement (procureur) et l'adjudant Boisdron greffier. Un autre soldat est jugé le même jour : Clodomir Léon Marcel Tamain qui, lui, se voit infliger une peine de dix ans de travaux forcés (cette peine sera abrégée le 8 juin 1922).
    Sergent n'a pas la possibilité de faire appel. Le jugement est exécutoire le dit jour.
    Maurice Étienne Sergent est fusillé le 4 juin 1916 à Boncourt, Meuse, « après l'accomplissement des formalités » : la compagnie du condamné à mort est réunie ; il est dépouillé devant ses camarades de tous insignes militaires, puis passe devant la ligne des autres soldats qui ont le fusil à l'épaule ; il est ensuite amené au poteau d'exécution, attaché, ses yeux sont bandés ; face à lui, le peloton se dispose sur deux rangs, il comprend 4 sergents, 4 caporaux et 4 soldats de rang ; un adjudant commande le feu et donne le coup de grâce. Ce cérémonial macabre est destiné à impressionner les camarades du supplicié et les dissuader de tout acte similaire.


Dessin de Tardi



Sources :
- mémoire des hommes : copie du jugement et fiche de décès,

J.M.O. du 27e R.I., mai-juin 1916

- gallica B.N.F. : historique du 27e R.I.
- archives départementales de la Nièvre :

fiche matricule de M. E. Sergent, classe 1914, matricule 241, canton de Châtillon n° 100, fiche 395.

- Le Journal du Centre, article paru le dimanche 15 mars 2015.


Texte communiqué par Pierre Volut http://histoiresdedecize.pagesperso-orange.fr/index.htm et http://lesbleuetsdecizois.blogspot.fr/ mis en page par Martine NOËL