Guide pittoresque du voyageur

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Description

  • Le département de la Nièvre ou Province du Nivernais tire son nom de la petite rivière qui y prend sa source et se jette dans la Loire à Nevers.
Le territoire de l’arrondissement de Nevers est fertile en grains, vins et pâturages,
celui de Château-Chinon au sol plus ingrat produit du seigle, du sarrasin et de l’avoine,
celui de Clamecy est très fertile en grains, vins et fruits et on y élève beaucoup de bestiaux,
celui de Cosne fournit des grains et surtout des vins d’excellente qualité.
  • Vers les années 1840 il y avait des mines de fer d’excellente qualité qui alimentaient 26 hauts-fourneaux et 138 forges - dont 3 grands établissements à Pont Saint Ours, Imphy et Fourchambault.
  • Des mines de charbon : exploitation de la houille à La Machine
  • Des carrières de granit, grès à aiguiser, sables quartzeux, sources d’eau minérales : Pougues, Saint Honoré les Bains et Saint Parize le Châtel.
  • Des forêts nombreuses de chênes, charmes, hêtres : ces bois forment la principale richesse du département, vers Clamecy le bois est réuni en « trains » divisés en parts, subdivisés en coupons qui s’assemblent pour former des radeaux qui descendent l’Yonne en direction de Paris.
  • L’industrie est composée de fabriques de gros draps, étoffes de laine, toiles, grosse quincaillerie, coutellerie, ouvrages en émail, cordes à violons, poteries, manufactures de faïences, verrerie (à Decize on fabrique cent milliers de bouteilles par mois pour Orléans , Nantes ou Paris entre autres villes), papeteries
La Machine possède plusieurs lits de combustibles superposés à des profondeurs diverses : 7 machines à vapeur en assurent l’exploitation.
Fourchambault : forges et fonderies importantes vers 1820 : 16 fours à réverbères sont affectés à l’affinage du fer ; à l’époque 3 000 ouvriers y sont employés, un pont est construit sur la Loire vers 1835 pour relier plus facilement les départements de la Nièvre et du Cher.
En 1822 une fonderie de cuivre y est créée.
Guérigny : un important établissement métallurgique « de la Chaussade » y est créé appartenant à l’État ( 2 hauts fourneaux, 3 grosses forges, 6 petites, 3 forges pour les ancres de marine et 3 « martinets ») ; production principale pour les vaisseaux, les lattes et les chaînes de haubans et galhaubans pour la tenue des mâts, on y travaille surtout pour les Marines Militaires.
Imphy avec ses 26 fourneaux à réverbères : une usine spécialisée dans la production du fer blanc, des tôles laminées de toute espèce (la création date de 1816) ; l’usine fournit principalement aussi la Marine de l’État.
Saint Parize le Châtel : source d’eau minérale « acidule froide » nommée « font bouillant » pour la guérison des fièvres intermittentes (source abandonnée)
Pont Saint Ours et Forge Neuve : usine à fer fondée en 1816 pour la fabrication de la tôle en fer blanc et fer noir pour la fabrication des voitures publiques et caissons d’artillerie.
Pougues les Eaux : 2 sources d’eau minérale gazeuse froide dont la réputation remonte au 15e siècle par l’usage qu’en ont fait Henri III, Henri IV, Louis XIVet le Prince de Conti entre autres ; l’eau est claire, limpide, sa saveur vive et piquante, les sources bouillonnent continuellement par le dégagement du gaz acide carbonique - les propriétés médicinales sont toniques et purgatives et conviennent dans toutes les maladies de l’estomac, du foie, de la rate, des jaunisses, de la néphrologie ; ces sources sont maintenant abandonnées.
Saint Honoré les Bains : source thermale connue des romains qui y fondèrent un hôpital militaire ; des fouilles en 1821 ont fait découvrir une salle de bains revêtue de marbres au milieu de laquelle sont 3 réservoirs en grès d’où jaillit l’eau en abondance (l’établissement modernisé fonctionne toujours : voies respiratoires, rhumatologie)
Cosne sur Loire probablement d’origine celtique (Condate, Cordida, Cona, Conada) ; au 8e siècle elle ne comptait plus que 40 maisons appartenant aux chanoines d’ Auxerre – Donation en fut faite au Comte de Nevers puis à Robert de Flandre ; en 1420 les Anglais ravagèrent et pillèrent, emmenant 52 religieux, les embarquèrent sur la Loire et les coulèrent au fond.
Nevers, ancienne cité des Gaules Noviodunum : ville fortifiée, une nouvelle enceinte fut commencée en 1194 par Pierre de Courtenay, Comte de Nevers ; les murailles, très hautes et d’un grande épaisseur furent construites avec des matériaux de choix. Au 15e siècle on y ajouta de grosses tours rondes couronnées de créneaux et machicoulis - la Porte du Croux seule subsiste – Un évêché fut établi à Nevers vers la fin du 5e siècle ; le Comté de Nevers fut érigé en Duché-paierie en 1538.
L’Eglise-Cathédrale date du 7e siècle dédiée à Saint Gervais et Saint Protais puis par la suite à Saint Cyr au 9e siècle. Au 10e siècle l’édifice s’écroula puis rebâti quelques restes de la chapelle Sainte Juliette sont ce qui reste de la Cathédrale construite par Saint Jérôme au 9e siècle
La tour de forme carrée commencée en 1509 achevée en 1528 comprenait les tombeaux du Comte Jean de Bourgogne et des ducs François de Clêves et Louis de Gonzague. Ils ont été détruits lors de la Révolution
Le Château aurait été bâti par les Princes de Clèves avant 1573, la place Ducale est dûe au duc Charles II de Gonzague vers 1608 ; une rue était exclusivement réservée au logement des « dames qui courroient l’aiguillette et faisoient folie de leurs corps».

Petit retour en arrière

  • Nevers est l’antique Noviodunum des Éduens où César enferma des otages et déposa ses trésors ; Eporedorix et Virdomar en révolte contre le proconsul parvinrent à s’en emparer et provoquèrent ainsi le grand soulèvement national de l’an 52 avant JC. Après le martyre de Saint Révérien et de Saint Paul c'est-à-dire à la fin de la domination romaine, la ville reçut un évêché elle s’appelait alors Nebirnum.
  • Lors des grandes invasions barbares Nevers fut incendiée par Attila.
  • Clovis érigea cette ville en évêché, elle était chrétienne depuis le 3e siècle. Sur le déclin du 11e siècle elle devint une cité féodale dont les seigneurs étendirent leur autorité sur tout le diocèse
  • Ainsi se forma le Comté, plus tard Duché qui subsista jusqu’à la Révolution.
  • Vers la fin du 12e siècle Pierre de Courtenay accorda une charte d’affranchissement qui fut confirmée plus tard en 1231 par lettres-patentes de Saint Louis. En 1524 l’ arquebuse avait succédé à l’arbalète et en 1621 Charles de Gonzague créa la Confrérie des Arquebusiers de Saint Charles

Les Morvandiaux

  • En 1830 cette contrée est une sorte d’épouvantail pour le froid, la neige, les aspérités du terrain et la sauvagerie de ses habitants, un vrai Pays de loups dans lequel le voyageur craint de s’engager ! Pour entrer dans les maisons, il arrive souvent de descendre une marche que de la monter, les habitations sont mal éclairées par de petites fenêtres, les granges et écuries tout est contigu, une porte fait communiquer la chambre et l’ étable, il n’est pas rare de voir des poules juchées sur le pied du lit, le mobilier est exigu : un « châlit » avec une paillasse, et une toile en coutil remplie de plumes d’oies et de canards, un gros édredon recouvert en général de tissu rouge.
  • Au pied du lit une armoire ou un coffre pour le linge et les hardes, une « maie » pour le pain et la nourriture, 2 perches suspendues par des cordes pour soutenir les jambons (quand il y en avait) à l’ abri des rats. Au milieu une table longue pour manger avec un banc de chaque côté (la table pouvait servir aussi pour accoucher les femmes par la femme la plus âgée du village !)
  • Sur les côtés de la cheminée 2 pierres plates ou 2 « sièges » fabriqués avec des jougs brisés pour asseoir les enfants.
  • Les repas, le matin la soupe assaisonnée de peu d’huile de navette un d’un filet de lard (on n’emploie pas de beurre, la majeure partie du lait est réservée aux veaux et aux enfants).
  • A midi une soupe au pain avec quelques pommes de terre ou haricots secs, ou un « gâteau » de sarrasin ou de la « picoulée » (bouillie d’avoine).
  • Le soir la soupe et quelques châtaignes à la saison - unique boisson de l’eau –
  • Les hommes ne vont boire du vin qu’au cabaret, aux noces ou foires.
  • Les tisserands qui se déplacent de ferme en ferme, de village en village avec leurs familles sont logés dans des réduits tout juste suffisants pour y dresser leur métier à tisser, ils tissent la toile de lin et de chanvre récoltés par les paysans et que les paysannes ont filé sur leur rouet
  • Les femmes et les enfants gardent les troupeaux dans les champs tout en tricotant ou faisant du crochet ou « rapetasser » (rapiècer, raccommoder) les vieux vêtements.



Source : Gisèle Grenut (GenNièvre) a résumé le chapître consacré à la Nièvre du Guide pittoresque du voyageur en France édité en 1838 par une Société de gens de lettres, géographes et artistes.