Grès et bleu de Saint Vérain

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Bouteille

Aux 16ème et 17ème siècles, parallèlement aux grès utilitaires émaillés au laitier (photos de bas de page), a existé une production particulière: Les bleus, plus communément appelés "bleus de Saint Vérain", même si l’on sait qu’ils furent produits dans toute la Puisaye. Il s’agit en effet de l’émaillage à l’oxyde de cobalt, destiné à une clientèle de seigneurs fortunés, notamment au sud de la Puisaye, à Saint Amand, la famille de Rochechouart, puis à la bourgeoisie.

La grande partie de la production en grès bleu azuré, est le plus souvent une production utilitaire de vaisselle courante certes luxueuse et souvent décorée mais destinée au service de la table d’une clientèle aristocratique de haut rang, les pièces les plus remarquables reçoivent des décors très élaborés, à l’iconographie typique de la Renaissance française : gourdes plates ou bouteilles de mariage, carreaux de parement …, Tous sont décorés de blasons, masques, cordelettes, petits animaux. . . obtenus par moulage, gravure ou modelage à la main.

Vase

L’origine de cet émail bleu est probablement issu du verre, en effet le site de fouille du Bois-Bardelet livre de petits éclats de verre, des gouttes, mais surtout de petits tessons de verre, sans doute du verre de rebut de vitrerie. Les potiers ont-ils en fait réalisé leur glaçure, très vitreuse d’aspect, avec les déchets de verre d’une verrerie ? Il semble bien que oui même s’il est impossible d’affirmer que ce fut une pratique exclusive, car l’approvisionnement en matière « première » à savoir le safre où le minerai de cobalt n’est pas à négliger. En tout cas cette vielle activité verrière, prolongée au XVIIème et en Puisaye même, pourrait très bien expliquer la répartition du bleu de la deuxième période.

La disparition des Rochechouart de la scène poyaudine aurait dû entraîner la disparition définitive du bleu, ce qui ne fut pas le cas puisqu’il réapparaît après cinquante ans d'inactivité durant la première moitié du XVIIème siècle. En effet l'on voit qu'une seconde phase de production, moins façonnée, reconnaissable à un émail souvent plus foncé et plus dense, propose épis de faîtage, écritoires, pichets trompeurs, bénitiers..., mais la prestigieuse vaisselle d’apparat ne retrouve pas son rang. Inconcevable au XVIème siècle, les pièces sont signées et datées par le potier, montrant une certaine indépendance de l’artisan vis-à-vis du destinataire. Comme au siècle précédent, des traces partielles de bleu existent sur les pièces usuelles ; souvent déposé sur une anse ou près du déversoir, il protège et décore les points les plus sensibles.

Vases en grès émaillés de la fin du 19ème siècle fabriqués par Jean Carriès

La vaisselle bleue sous sa forme décorée disparaît totalement supplantée par la faïence et la porcelaine. Sous une forme non décorée, on retrouve une utilisation occasionnelle sur quelques assiettes à aile large jusqu'au début du XVIIIème siècle. Dans tous les cas il s'agit de pièces non décorées et rarissimes. Manifestement, si les potiers de cette époque ont encore quelque possibilité de réaliser de la glaçure bleue, c'est avec une grande parcimonie et surtout que le goût en est passé depuis longtemps.


--Patrick Raynal 27 septembre 2014 à 14:33 (CEST)