Gautheron François Abel

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Le repli de l'armée française : Exemple du Corps d'Artillerie Coloniale commandé par le général François Abel Gautheron.

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  • En août 1914, le général Gautheron, originaire de Sougy-sur-Loire, a 54 ans. Il commande un corps d'artillerie coloniale(1). Ses batteries ont été installées entre Longwy et Thionville. Lorsque les Allemands établissent leur Quartier-Général à Luxembourg et, sans aucune déclaration, se mettent en marche à travers la Belgique, les coloniaux franchissent eux aussi la frontière : ils s'avancent à travers la forêt d'Orval pour contenir la ruée allemande. Ils combattent à Saint-Vincent le 22 août, à Jamoigne et Pin le jour suivant. Mais ils ne peuvent ni protéger la vallée de la Semois, ni même empêcher l'avancée allemande vers le territoire français.
    Pendant deux semaines, ils battent en retraite vers le sud ; les batteries d'artillerie se replient de hauteur en hauteur. Le 25 août, elles tirent depuis la colline de Saint-Walfroy, pour protéger Stenay et la Meuse. Le 27, elles sont sur la rive gauche du fleuve, dans les bois de Jaulnay. Du 28 au 31, elles reculent à Brieulles et Châtillon-sur-Bar, et tentent de protéger Vouziers et l'Aisne.
    Les rivières ne parviennent pas à endiguer la poussée de l'ennemi. En moins d'une semaine, le général Gautheron et ses soldats doivent abandonner l'Argonne. Du 5 au 10 septembre, ils sont postés autour de Vitry-le-François. Il faut maintenant s'arc-bouter sur la Marne, dernier rempart naturel avant Paris. Et c'est le miracle : l'État-Major allemand est divisé, von Klück et von Bülow, dans leur course effrénée vers la capitale, oublient de maintenir les liaisons entre leurs corps d'armée ; au prix d'efforts surhumains et grâce à des mouvements très rapides (les fameux taxis de la Marne s'illustrent à cette occasion), Joffre parvient à repousser les Allemands jusqu'à Reims et Soissons.
    L'artillerie coloniale remonte de soixante kilomètres. Elle combat à Valmy le 13 septembre : le moulin-symbole de 1792 est le poste d'observation idéal pour organiser la reconquête de la France. Malheureusement, la contre-attaque est bloquée, à l'Est sur les hauteurs de l'Argonne, au Nord dans les plaines crayeuses entre Ville-sur-Tourbe et Perthe-les-Hurlus. Ce secteur sera l'un des plus meurtriers du front et des milliers d'hommes viendront y trouver la mort pendant la guerre des tranchées.
    Les 14 et 15 septembre, le général Gautheron fait tirer ses canons depuis Ville-sur-Tourbe et Massiges ; le 26 septembre, il est à Minaucourt.
    Le 20 décembre au calvaire de Beauséjour (autant de villages détruits) ; du 28 décembre 1914 au 3 février 1915, il tire sur Massiges. L'armée est engluée ; le corps colonial est félicité à la fin du mois de décembre par le général Joffre, qui retrouve les anciens du Soudan. Les soldats coloniaux souffrent plus que quiconque de l'hiver, de la pluie, des attaques-suicides où ils sont lancés en vagues. Ils font pourtant des exploits, ces tirailleurs qui vont prendre dans une tranchée ennemie le drapeau du 69e Régiment de Réserve allemand !
    L'artillerie coloniale, mal adaptée au terrain, dotée de canons à faible rayon de portée, mal ravitaillée en munitions, est critiquée par l'État-Major ; plusieurs sorties de fantassins aboutissent à des massacres, car la préparation d'artillerie a été mal conduite. Le 17 février 1915, le général Gautheron est relevé de ses fonctions : « il ne possède pas les connaissances suffisantes pour diriger et coordonner dans une guerre telle que celle-ci l'action d'une artillerie composée de canons de tous calibres(2). »
    Le général Gautheron est envoyé à Madagascar avec la mission de « préparer et envoyer une colonne de tirailleurs indigènes ». Il recrute des troupes dans la Grande Ile et dans l'Archipel des Comores. Il restera à Madagascar du 18 mai 1915 au 26 juillet 1917.

(1) Le Corps d'Artillerie Coloniale est composé de trois régiments d'artillerie. Le 3e R.A.C. est commandé par le colonel Lenfant, qui a passé une partie de sa jeunesse à Grenois, dans la Nièvre.
(2) Pierre Volut, Decize et son canton au XIXe Siècle et à la Belle Epoque, ch. III-4. Sources : Archives Militaires SHAT Vincennes, dossier du général Gautheron et historique du Corps d'Artillerie Coloniale.


Texte de Pierre VOLUT http://histoiresdedecize.pagesperso-orange.fr/index.htm et http://lesbleuetsdecizois.blogspot.fr/
mis en page par --Mnoel 9 septembre 2014 à 12:35 (CEST)

  • Note : Le Général Gautheron est né à Sougy-sur-Loire le 12 mars 1860. Élève de l'école Polytechnique, puis de l'école d'application de Fontainebleau il obtient le grade de Sous lieutenant en octobre 1882. À sa sortie de l'école, il est promu Lieutenant. Il sera ensuite nommé Capitaine en 1888, Chef d'escadrons en 1898, Lieutenant Colonel en 1902, Colonel en 1906 et Général de Brigade en 1911. Il sera promu commandeur de la Légion d'Honneur en 1918.
    Il meurt le 28 mai 1938.

    Source : Site military-photos