Entrains sur Nohain

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Histoire

L'origine du nom de cette commune provient du celte Intaranum la ville de Taranis, forme latinisée en interanum, entre les marais et paraît tirer son nom de son antique position entre quatre beaux étangs dont la plupart ne subsistent plus et la petite rivière de Nohain qui en sortait. Elle faisait partie du Donziois et du duché d'Auxerre. L'administration de district dont elle a joui pendant la Révolution a été supprimée et il ne lui reste que son église et sa municipalité. Sa population s'élevait à 2.005 habitants.

Dans le pays on est persuadé que Jules César séjourna pendant quelque temps à Entrains lorsqu'il conquit les Gaules. On lui attribue même la construction d'un chemin que l'on appelait le chemin de César et qu'on nomme à présent le chemin ferré ou levée. Du temps des Romains il y avait un gouverneur particulier à Entrains. Il prenait le titre de préfet de César ou seulement celui plus court de César, sans y rien ajouter. On rencontre souvent dans le voisinage d'Entrains des médailles romaines, des membres de statues qu'on sort des terres lorsqu'on y fait des fouilles[not 1], et les restes d'anciens pavés des voies romaines servant à prouver l'ancienne prospérité de ce pays. Quoique ces voies ne soient pas mentionnées dans les anciens itinéraires, les vestiges qui en subsistent encore attestent la vérité de cette assertion.

Il y a presque deux cents ans qu'on retrouva dans la terre une pierre qui portait cette inscription : Vibius hic vivus effossus est quia predicavit et il y a toute apparence que Vibius fut un de ces zélés chrétiens qui annoncèrent dans le pays l'excellence de la religion de Jésus-Christ et voulurent établir la préférence qu'elle méritait sur le paganisme. Après lui, saint Pèlerin, qui est regardé comme le premier évêque d'Auxerre, sachant que le temple de Jupiter qui existait alors à Entrains y rendait le paganisme plus florissant qu'ailleurs, s'introduisit dans cette ville et, se glissant au milieu d'une foule de peuple assemblé devant ce temple, s'écria tout à coup que c'était Jésus-Christ et non les faux dieux qu'il fallait honorer. Sur le champ il fut arrêté comme portant le trouble dans l'assemblée et faisant obstacle aux cérémonies du culte dominant. Conduit devant le gouverneur, il rendit de nouveaux témoignages à Jésus-Christ et par suite fut conduit dans la prison souterraine de Bouy où il resta enfermé jusqu'au moment où les juges arrivèrent pour instruire son procès. Pendant ces délais, il ne cessa d'annoncer le vrai dieu à ses gardiens et à tous ceux qui l'approchaient. Son zèle, trop ardent peut être, fut récompensé par la couronne du martyre et, le préfet l'ayant engagé à sacrifier aux faux dieux, il lui répondit avec courage : « Les honneurs que vous m'offrez sont la peste de l'âme et vos présents deviendraient pour moi d’éternels supplices : j'invoque et ne connais que Jésus-Christ qui est le rédempteur de tous. » A ces mots il fut aussitôt livré à la fureur des soldats qui le chargèrent de coups et le conduisirent devant ses bourreaux. L'un de ces soldats, s'étant aperçu que les forces lui manquaient, lui coupa la tête avec son épée. Cet événement, arrivé pendant la persécution suscitée aux chrétiens par l'empereur Dioclétien, se rapporte au 16 mai de l'an 303 ou 304, plus de trente ans après que saint Pèlerin se fût fixé à Auxerre.

Les statuts de saint Aunaire et de saint Tétrice, successeurs de saint Pèlerin, des années 596 et 700 font mention de la ville d'Entrains.

Le 22 janvier 1222 Hervé IV, comte de Nevers, étant au lit de mort recommanda à Mathilde, son épouse, de fonder une chapelle à Entrains. Le désir d'Hervé fut accompli et la comtesse Mathilde dota le chapelain de quinze francs de rente annuelle, somme alors suffisante pour l'entretien d'un prêtre et sa subsistance. L'église paroissiale de Saint-Sulpice, située dans la plaine du côté du château de Reuillon (ou Reveillon) fut détruite et le titre en fut transféré à la chapelle dont on vient de parler. On a prétendu que cette église possédait quelques reliques de saint Sulpice qui fut évêque de Bourges, et mourut en 647. Ce château de Réveillon qui n'avait rien de considérable, fut autrefois une baronnie du Donziois. Saint-Nicolas de Réveillon qui en est à peu de distance, était un prieuré dépendant de celui de Lépeau, près Donzy.

Les quatre étangs dont Entrains a été entouré étaient certainement fort anciens. Il en est parlé dans la charte de fondation du prieuré de l'Epeau en 1211 mais cette époque paraît encore trop récente pour l'épaisseur du dépôt des végétaux aquatiques dont leur sol s'est trouvé couvert au moment où ils furent mis à sec. Les trois étangs supérieurs ont été desséchés en 1780 par le dernier duc de Nivernais mais l'étang neuf l'a été, malgré lui, en 1793 par les habitants qui, par des motifs d'intérêt particulier, obtinrent alors des autorités nouvellement établies une autorisation pour faire ce desséchement. Les eaux dont ils étaient formés provenaient de quelques fontaines voisines. Dans l'intérieur de l'étang de Saint-Cyr, on voyait un fort monticule formé par les ruines d'une construction appelée le château de l'Abîme parce que tout auprès il existait une source qui, lorsque l'étang subsistait, était mal à propos considérée comme une abîme. Depuis le desséchement, on a bien reconnu qu'il n'y avait dans cet endroit aucun abîme redoutable et la source continue de jeter le même volume d'eau que par le passé. Aucun monument historique n'indique l'origine de cet édifice placé au milieu des eaux mais il est à croire que c'était un temple du paganisme, et peut être celui de Jupiter. Il se pourrait même qu'il a été bâti sur un terrain libre et découvert, que dans la suite on a entouré d'eau pour le rendre plus vénérable ou pour le soustraire aux événements de la guerre.

Au-dessus de l'étang de Saint-Cyr, il y a l'église paroissiale de ce nom, bâtie au milieu de la campagne et dont les habitants sont épars dans différents villages et hameaux éloignés les uns des autres de plus d'une lieue. Le plus considérable est le château du Bois, dont le seigneur avait la haute justice de toute la paroisse et dont dépendaient aussi les fiefs de Minière et de Fondelin. Claude-André Lecler était seigneur, en 1660, du château du Bois et de toute cette terre voisine de la commune d'Entrains. Il avait si fort à coeur la conversion des sauvages habitants des îles Antilles ou Caraïbes, qu'il fit imprimer, à ses frais, un Catéchisme traduit en langue caraïbe par le père Raymond Breton et un Dictionnaire caraïbe-français du même auteur, tous les deux publiés à Auxerre en 1664 et 1665 chez Gilles Bouquet, imprimeur du roi. Ce goût pour les missions ferait croire que le seigneur du château du Bois était parent du fameux père Joseph, capucin et ami du cardinal de Richelieu. Ce père Joseph s'appelait de son nom Lecler ou Leclerc du Tremblay. En 1747, cette terre appartenait à M. de Beze de Pignolle, secrétaire du roi et juge à Clamecy.

En 1427, Entrains suivit le sort de Corvol et de quelques autres places du Nivernais qui furent prises par le nommé Ferrier et le bâtard de Coux mais Claude de Châtelus et le bailli d'Auxois les reprirent pour le duc de Bourgogne.

Les protestants se ménagèrent de bonne heure des partisans à Entrains et bientôt la réforme y fut publiquement professée. Mais, dans l'année 1563, cette ville fut tellement inquiétée par les menaces et les courses du sieur de Chevenon que le 11 juin, les protestants furent obligés de prendre la fuite ce qui augmenta tellement la hardiesse des catholiques qu'ils prirent la résolution d'exterminer tous les protestants. La veille de Noël avait même été choisie pour exécuter ce projet horrible mais il fut déjoué, fort heureusement. Après la reddition de Bourges, Louis Blosset, seigneur de Fleury, voulant rafraîchir la compagnie de cavalerie qu'il commandait et ne sachant pas trop où il la cantonnerait, prit fort à propos le parti de la diriger sur Entrains. Le 12 décembre il en approcha avec précaution et, s'arrêtant à une portée de mousquet de la ville, il détacha en avant son lieutenant et son trompette qui, bien couverts de longs manteaux, arrivèrent à pied dès la pointe du jour, très près de la porte. Leurs mesures furent si bien prises, qu'à l'ouverture du guichet ils parvinrent à s'introduire dans la ville suivis aussitôt par cinq autres soldats qui s'étaient cachés dans les maisons du faubourg. Ils arrachèrent les clés au portier. Cela s'exécuta sans difficultés car il n'y avait alors ni sentinelles ni corps de gardes, ce dont les protestants s'étant aperçus, ils firent sonner de la trompette et le reste de la troupe fut bientôt arrivé. Alors, les catholiques furent saisis d'une telle épouvante qu'ils prirent la fuite de tous les côtés. Quelques uns furent arrêtés et divulguèrent le complot dont un prêtre (Etienne Blondelet) était l'auteur. Arrêté lui-même, il avoua tout et fut condamné avec un sergent, surnommé le Dangereux, à être pendus à une des portes de la ville et ils y furent achevés à coups d'arquebuses. Le capitaine Beaumont, protestant, obtint ensuite le gouvernement de la place qui devint le rendez-vous de tous les réformés des environs. Le culte protestant fut exercé très publiquement et avec tant de ferveur, qu'aucun prêtre catholique n'osa plus s'y montrer. Ce ne fut que le 17 avril 1566 que Charles IX, passant à Entrains, ordonna que les catholiques reprissent l'exercice de la religion romaine. Depuis trois ans la messe n'y avait pas été célébrée.

L'église réformée d'Entrains envoya des députés au synode qui se tint à Sancerre le 2 juillet 1572.

Dans la suite, les succès des protestants et leur nombre s'augmentant, ils poussèrent l'audace jusqu'à insulter Louis de Gonzagues, duc de Nevers, leur seigneur. Ce prince passait auprès de Donzy accompagné d'environ cinquante cavaliers. La garnison d'Entrains l'attaqua et il fut alors blessé au genoux par un coup d'arquebuse dont il resta incommodé le reste de ses jours. Il repoussa cependant cette attaque avec succès et, quand la paix fut conclue, il punit les habitants d'Entrains de leur attentat en faisant raser les tours et les fortifications de leur ville à qui il ne donna plus que le titre de bourg. Néanmoins, ayant su que les catholiques n'avaient pris aucune part à cette trahison, il leur permit, dans la suite, de relever leurs murailles. Ce n'est probablement qu'au moment de la révocation de l'édit de Nantes, que les protestants disparurent d'Entrains et en laissèrent les habitants tranquilles car, sous la minorité de Louis XIII, ils se rangèrent encore du parti des mécontents et la ville ne fut paisible qu'en 1616.

En 1638, des religieuses de Saint Claire, soumises à des statuts mitigés par le pape Urbain IV, s'établirent à Entrains de l'aveu des dames de Clèves, tantes du duc de Nevers, Charles 1er de Gonzagues et y occupèrent la maison de l'hôpital. Elles n'y restèrent pas longtemps et cette maison fut vendue à des particuliers.

Entrains possédait quelques tanneries. Son commerce consistait en grains, chevaux, boeufs, vaches, moutons et cochons, et surtout en bois qui s'exploitaient pour le chauffage de la capitale. Il s'y tenait un marché le mercredi de chaque semaine et huit foires par an. A savoir : le 17 janvier pour la saint Antoine, celle-ci dure deux jours ; en février le premier lundi de Carême ; 27 avril, 21 mai, 13 juin, 24 même mois pour la saint Jean ; 28 août, 24 septembre, 13 octobre, 9 décembre. On y avait placé un notaire et un receveur des impositions.

Source

  • Département de la Nièvre et des petites contrées qui en dépendent. Tome 2 par Jean Née de La Rochelle et Pierre Gillet (1827)
  • Le patrimoine des communes de France. Flohic éditions
  • Martine NOËL (discussion) 22 mai 2021 à 16:44 (CEST)

Notes et références

Notes

References