Chroniques Saint Benin d'Azy

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Étienne Louis Gonin, notaire public né vers 1763 est maire de Saint Benin d'Azy.
Il consigne quelques notions générales sur la population et la vie de l'homme à la fin du registre de l'état civil de l'an VII.
(AD Nièvre 5Mi5-243 (Saint Benin d'Azy 1793-1822, page 1038/1430). Dans ce document, il signe en tant qu'agent municipal.

Notions générales sur la population et la vie de l'homme

Il importe fort peu de connaître si le monde est plus ou moins peuplé ;
mais beaucoup de savoir s'il est peuplé d'hommes heureux – Voltaire.


  • Dans toutes les régions habitées par des hommes sociables, la population est en raison de la subsistance et des mœurs. Elle est, naturellement plus nombreuse sous les zones tempérées que sous la zone torride et les glaciales.
  • Partant qu'il doit naître plus de mâles que de femelles et le plus est en proportion des mœurs et de la force du tempérament.
  • La dégradation de l'espèce humaine a pour premières et principales causes naturelles (…) la dépravation des mœurs : les excès qui ne sont que des effets en principe deviennent causes à leur tour.
  • La vie consiste dans le mouvement ; la mort dans la dissolution des partis (…)
  • Il meurt plus d'enfants que de vieillards et ce n'est pas précisément parce qu'il y a plus de l'un que de l'autre âge.
  • L'enfance est sujette à des révolutions, à des maladies cruelles peu susceptibles des secours de l'art, et les tendres soins des mères qui ne perdent de vue ni leur dignité ni leurs devoirs : et si les enfants sont livrés à des mercenaires, la mort fait une plus ample moisson.
  • L'homme naît faible et imbécile : il végète et pleure ; se développe et balbutie ; se fortifie et parle ; prend son accroissement et raisonne ; parvient à l'âge mûr et réfléchit ; il reste plus ou moins dans son apogée ; ensuite il décline insensiblement au physique et au moral ; dépérit et semble rapprocher l'enfance par la faiblesse ; timide ; temporisateur ; espérant peu ; incapable d'entreprendre ; tremblant pour l'avenir ; quinteux ; plaintif ; il vante le temps passé, critique le présent et réprimande sans cesse ceux qui sont moins âgés que lui ; les infirmités l'assiègent, il devient décrépite et meurt.
  • La formation des êtres dans le règne animal est l'échelle des probabilités sur la quelle on peut mesurer leur fécondité et leur durée. La brute a plutôt pris son accroissement, multiplie plus et vit moins que l'homme, sauf quelques exceptions.
  • Quelques nombreuses que soient les années nécessaires pour la formation de l'homme, il lui faut moins de temps pour parvenir à la perfection de son être qu'il ne s'en écoule jusqu'à la dernière heure. Les périodes du bel âge, celles de l'âge mûr et celles de la vieillesse peuvent ensemble fournir une carrière de cent ans et plus suivant le comprit des anciens et l'expérience commune. *Bien entendu qu'il faut faire abstraction des abus de la raison et des autres facultés ; de l'influence des climats et des gouvernements ; et surtout les trois sœurs cruelles : la guerre, la peste et la famine.
Sous le nom de guerre on comprend les morts violentes de quelques causes qu'elles émanent.
Sous le nom de peste, on entend les épidémies de toute espèce.
Sous le nom de famine, on trouve le défaut de nourriture, d'habillement, de soins, de moyens ; ou l'extrême misère, de quelques haillons qu'elle soit couverte.
  • La brièveté de la vie actuelle comparée à la vie patriarcale ; le résultat est humiliant. Des curieux ont eu recours à l'incertitude de la manière de compter des anciens, ensuite aux années lunaires ou solaires incomplètes ; mais ils auraient été bien loin du compte en prenant les semaines même pour des années ; on ne parle pas de ceux qui aiment mieux nier que de reconnaître l'autorité de l'histoire. *On pourrait chercher la vérité par un moyen plus naturel : il est probable que dans le principe, l'elliptique coïncidait avec l'équateur. La nature était dans toute sa force ; les hommes n'avaient pas encore appris à déroger à ses lois et à lui donner les leurs ; les premiers qui peuplèrent la terre vivaient de fruits et du produit de leurs troupeaux ; ils n'avaient ni cuisiniers, ni ambitieux ni conquérant. Astrée régnait. C'est l'âge d'or des poètes.
  • Les révolutions physiques de notre globe en ont sans doute altéré l'ordonnance primitive. Les travaux, l'oisiveté, l'insouciance, le luxe, l'avarice ont plus contribué à diminuer les sources de la vie que le déluge, les tremblements de terre et les volcans.
  • Pour en juger, il ne faut qu'examiner les principales causes des maladies locales, aiguës ou chroniques et leur effets. Particulièrement dans les années de sécheresse on attribue tout à l'air lors même qu'il n'est que le charretier et le distributeur de la corruption de l'eau sur les plantes, les hommes et les animaux.
  • Peu importe à l'homme acclimaté que la sphère soit droite, parallèle ou oblique ; que ce soit la terre ou le soleil qui tourne ; mais il lui importe beaucoup de respirer l'air pur et libre, de se nourrir d'aliments sains ; de n'être pas avoisiné de fouilles et de fosses méphitiques ; de marais et de mares fétides ; d'étangs et de canaux envasés. D'où la chaleur fait exhaler des vapeurs putrides, des miasmes destructeurs.
  • Partout où l'homme est désigné à la divine providence il adore son auteur, et fait qu'il s'agit moins de vivre longtemps que de vivre probe, religieux et utile. C'est la vertu qui conduit au bonheur ; elle seule peut donner des jours tranquilles aux malheureux humains. Ces vérités ont été aperçues par ceux mêmes qui n'étaient éclairés que des lumières de la raison et de l'expérience.
  • Juvénal a dit :
« Croyez que le plus grand des biens est de préférer la vie à l'honnête
et de perdre pour l'amour de la vie, la seule raison que nous ayons de l'aimer »
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Nicolas François Marie Tirode a été curé de Saint Benin d'Azy entre 1786 et 1811 après avoir été pendant 20 ans, curé de Rouy.
Ayant prêté serment à la Constitution, il devient le premier maire de Saint Benin d'Azy, élu le 14 décembre 1789.
Il a consigné sur les registres d'État-Civil quelques remarques dont celle-ci:

Les mariages célébrés au chef-lieu du canton

Nous sommes au début du Consulat et ce brave Tirode pense que plus tard, les généalogistes passionnés que nous sommes auront bien du mal à s'y retrouver dans les recherches qu'ils entreprendront.
Ce texte est inséré à la fin du registre des mariages de l'an VIII dans la colonne observations du tableau récapitulatif (AD Nièvre 5Mi5-243 (Saint Benin d'Azy 1793-1822, page 1220/1430)

"Les actes précédents ceux-ci sont portés au seul registre pour tout le canton de Rouy en l'an 8, en exécution d'une loi que l'expérience a déclaré contraire au bien de l'état et à celui des particuliers.
1) La population est la force d'un état ; le mariage est la véritable et légitime source ; les romains le favorisaient ; tout bon gouvernement en doit faire de même.
La loi, en enchaînant l'habitude et la décence de conclure les mariages dans les communes, a fait naître la répugnance et fait dire aux jeunes gens qu'ils ne se marieraient pas tant qu'il faudrait aller si loin, servir de jouets à la populace.
2) Les jeunes gens et leurs parents voyaient, avec dépit qu'on les obligea à braver les mauvais temps et les mauvais chemins ; qu'on les mit dans la nécessité de louer des chevaux, de conduire et d'effrayer des témoins ; et d'augmenter leur triste situation par des dépenses inutiles et ruineuses.
L'état des choses est heureusement changé. Ces notes seraient sans but pour l'avenir si de mauvais plaisants n'avaient pas dit que les mariages se feraient aux chefs lieux des arrondissements municipaux. Ces discours vagues et sans fondement peuvent faire impression sur les faibles instruits par l'expérience de leurs maux ; la crainte d'un retour funeste les empêche de considérer que les intrigants ne font entre eux qu'une guerre d'intérêts privés ; que le gouvernement fait et fait voir que le salut du peuple est la souveraine loi. Bonaparte est là ; et il peut dire avec plus de vérité que César : veni, vidi, vici.
En redonnant à chaque commune son administration naturelle, le gouvernement a fait un acte de justice et de sage politique. Rien n'était plus ridicule ni plus à charge aux administrés, que les cantons toujours encombrés d'affaires éternelles semblables à des rouages assortis de dents disparates et mal espacées, il ne pouvaient que retarder le mouvement de la machine politique, si toutefois il ne s'arrêtaient pas.
Pour faire oublier jusqu'au nom de ces complications vicieuses et les désordres ensuivis, il serait à souhaiter qu'on remplit les lacunes se trouvant aux archives communales par le défaut du registre des mariages de l'an 8. Dans le cours de sept mois, la plus part des mariages ont été couchés devant les présidents de cantons, et portés au même registre. La transcription de ces actes, pour chaque commune, jointe aux suppléments des cinq derniers mois compléteront la collection des registres ; sans travail pénible et à peu de frais.
Dans le nombre des raisons à alléguer, on pourrait dire que de toute ancienneté, les mariages ont été ordinairement célébrés au lieu du domicile de la future. Si quelques motifs intéressants les faisaient célébrer ailleurs on trouvait les renseignements dans la commune de l'épouse, ou dans celle de l'époux. Cette ressource n'existe plus dès lors que le registre des publications et celui des célébrations ne sont nulle part de l'origine des personnes intéressées.
A en juger par les réformes et les améliorations que le gouvernement opère en faveur du peuple, dans cent ans, il ne sera plus mention des cantons que dans l'histoire des abus. Si dans un avenir loin de nous, il s'agit d'établir une généalogie on remontera de naissances en naissance ; on cherchera à grands frais l'origine ; ceux des citoyens dont l'existence locale n'est qu'une histoire précaire ne parviendront peut-être jamais à la suivre.
Le dépôt général au chef lieu de département peut suppléer, oui . Mais cette sage institution suppose un dépôt dans chaque commune ; et la loi laissant à chacun la liberté de se pourvoir d'extraits où bon lui semble prévient toute envie de manœuvres par les démarches fatigantes et les frais inutiles à faire.

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--m mirault 29 février 2012 à 08:59 (CET)
Source : AD Nièvre en ligne.